À propos d’Isabelle Coutant et Yvon Atonga, Petit frère. Comprendre les destinées familiales, Seuil, « La couleur des idées », 234 p.

Wilfried Atonga, ex-« caïd » de Villiers-le-Bel, a été assassiné en 2016. Avec son frère aîné, Yvon, la sociologue Isabele Coutant revient sur son parcours. « Petit frère », une psychologie sensible du « quartier »

Wilfried Atonga est mort un jour du mois de mars 2016, dans un bar-tabac de Goussainville (Val-d’Oise), à proximité de la maison qu’il venait d’acheter avec sa compagne et à quelques kilomètres seulement de Villiers-le-Bel, où il avait passé son enfance et son adolescence avec ses frères et sœurs. Il n’avait pas 40 ans. Son meurtrier l’a abattu de deux coups de feu, mettant ainsi un terme à une longue série d’embrouilles, de « mises à l’amende » et de jeux de pouvoir entre deux « grandes gueules » d’un même coin de banlieue.

Isabelle Coutant, dont les travaux ont contribué, depuis le début des années 2000, à complexifier notre compréhension des conditions de vie dans les milieux populaires, a rencontré Wilfried en 2001, alors qu’il était engagé dans un programme d’insertion de la protection judiciaire de la jeunesse, qui l’avait conduit à ­passer son BAFA. Elle l’a sollicité de nouveau en 2015, pour qu’il contribue à un documentaire radio dans lequel il lui livrait son désir de se ranger et de commencer une nouvelle vie d’animateur, en élevant ses filles dans le pavillon qu’il avait acquis à proximité des tours de son adolescence.

Et puis Wilfried est mort, rattrapé par son passé. Dans Petit frère, Isabelle Coutant et Yvon Atonga, le frère aîné de Wilfried, continuent l’enquête sur sa vie. La première, pour résoudre une énigme sociologique délicate : pourquoi, dans la même fratrie, les uns, comme Yvon, réussissent et les autres, comme Wilfried, s’enfoncent dans l’échec ? Le second, pour mettre des mots sur la mort de son frère et essayer d’« exorciser » cet événement, comme il le dit lui-même.

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