Les mathématiciens, loin des stéréotypes
À propos de Pierre-Michel Menger et Pierre Verschueren (dir.), Le Monde des mathématiques, Seuil, « Les livres du nouveau monde », 826 p..
Un riche livre collectif, publié sous la direction de Pierre-Michel Menger et Pierre Verschueren, analyse l’environnement social dans lequel évoluent les chercheurs en mathématiques. Un univers d’échanges constants et de compétition acharnée.
Dans quel monde vivent les mathématiciens ? On conçoit aisément qu’un chirurgien ou un informaticien vivent dans un univers d’interactions denses avec leurs collègues, dans lequel l’accès aux ressources matérielles et le soutien d’institutions sociales sont essentiels à la réussite personnelle. Mais, pour un mathématicien, c’est une autre affaire. Des siècles d’anecdotes et de stéréotypes nous ont habitués à le figurer comme un être cérébral et solitaire, dont la réussite doit plus au talent personnel qu’à l’environnement social dans lequel il se trouve. Les mathématiques se pratiqueraient, en somme, hors du monde. A l’écart de la société.
C’est pour battre en brèche cette image d’Epinal que le sociologue Pierre-Michel Menger, professeur au Collège de France, et l’historien Pierre Verschueren ont rassemblé, dans Le Monde des mathématiques, les contributions d’une vingtaine de spécialistes de cette « science prestigieuse, exigeante et intimidante ».
Tous ne parlent pas exactement des mêmes contextes, tant le spectre géographique et historique abordé dans l’ouvrage est large. Mais, en étudiant le marché du travail, la culture professionnelle, les carrières, les façons de faire communauté ou d’exister publiquement des mathématiciens, ils convergent vers un même constat. Si les mathématiciens occupent une place éminente dans le monde académique et s’ils peuvent revendiquer d’œuvrer à la production de connaissances universelles, ce n’est pas du fait du génie singulier qui les habiterait, mais bien parce qu’ils ont collectivement mis en place les structures sociales qui assurent le bon fonctionnement et la reproduction de leur « monde ».
(Voir la suite sur le site du Monde des Livres)